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Des diagnostics partagés pour mieux décider ensemble

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Depuis une dizaine d'années, les démarches de diagnostic partagé s'imposent comme une technique particulièrement efficace pour  construire des politiques publiques, prenant en compte l'expertise des différents acteurs d'un territoire. C'est ainsi que des plans d'action pour le développement de l'économie sociale et solidaire ont été construits à Lille, à Nantes ou à Grenoble au début des années 2000, ou,  plus récemment, à Toulouse.

Pour mettre en place une politique publique, les collectivités peuvent certes élaborer « en chambre » un programme d'actions et l'appliquer tel quel sur leur territoire. Cependant, l'appropriation de ce programme ne sera jamais aussi forte que si les acteurs pour lesquels il a été conçu, ont été associés à son élaboration. C'est là la philosophie du diagnostic partagé : que les acteurs de terrain participent en amont aux réflexions destinées à dresser le constat de la situation (on parle aussi de diagnostic participatif).

Du constat à  l'action

Il n'y a pas de modèle clés en main et définitif de telles démarches. D'abord parce qu'elles sont encore jeunes et non encore gravées dans un marbre méthodologique, mais aussi parce que chaque territoire et chaque thématique requiert des dispositifs adaptés. On ne va pas procéder de la même manière pour élaborer un plan d'action de l'ESS sur une région de 2 millions d'habitants ou pour établir une réponse à la question de la petite enfance sur une communauté de communes rurales de 4 000 habitants. Les exemples connus montrent cependant des ressemblances, et le dispositif présente souvent plusieurs étapes selon le degré de participation que la collectivité a souhaité développer. La première étape est celle du diagnostic proprement dit. Il s'agit de produire de la connaissance autour d'une thématique (exemple : « Qu'en est-il de la place de l'ESS dans notre région ? ») et de se mettre d'accord avec l'ensemble des acteurs associés sur les constats (« Oui, il manque vraiment une politique d'aides spécifiques pour les petites coopératives. »).

Peut se mettre alors en place une seconde étape : la définition des enjeux et des thématiques sur lesquels il faut agir. C'est ainsi que Toulouse Métropole a mobilisé plus de 250 acteurs de l'ESS en 2011 autour de réunions thématiques et d'ateliers pour déboucher sur un plan d'actions sur trois ans (2012-2014) comprenant 37 actions issues de cette réflexion collective. La démarche à Toulouse s'est étalée sur six mois (un mois et demi pour l'élaboration de l'état des lieux et quatre mois et demi pour la définition des orientations et actions à mettre en œuvre).

Des écueils à éviter

Au fur et à mesure que les expériences de ce genre se multiplient, les risques de la démarche apparaissent clairement. Le premier d'entre eux est de générer de la frustration en mettant en place une démarche de participation qui se terminerait vite en queue de poisson. Comme le dit une élue : « Il faut être sincère dans la construction partagée. Il faut développer la confiance, c'est fondamental. Accepter de jouer réellement le jeu d'un certain partage du pouvoir avec ses « associés », comme l'on dit dans l'économie sociale ! »

Il faut également établir clairement les objectifs de la concertation : « On n'est pas là pour répondre aux revendications catégorielles des uns et des autres, mais pour établir les bases d'une politique publique. » Il faut veiller à donner à chacun une place égale dans la prise de parole et l'écoute (pas une heure et demi pour l'élu ou le président de la Cres... et trente secondes pour le jeune responsable associatif de base). Autre attention : bien définir les limites du champ à explorer afin de ne pas aller dans tous les sens et faire des propositions qui, dans tous les cas, ne pourront être retenues. Un savant dosage est également indispensable dans le temps qui va être consacré à la démarche : ne pas faire s'éterniser la phase de diagnostic (« Voilà six mois qu'on se réunit et on n'a toujours pas pris de décisions ! ») ou inversement, ne pas aller trop vite (« On n'a même pas parlé de ça et déjà on veut qu'on fasse des propositions ! »). Enfin, il faut toujours prévoir une évaluation du dispositif, soit continue tout au long de son déroulement, soit à quelques étapes clés, et a minima en fin de parcours. Là résident les conditions d'une réelle participation des acteurs, dont les bénéfices sont réels lorsqu'on passera à la phase action.

En savoir plus :

Le Réseau des collectivités territoriales pour une économie solidaire (RTES) consacre sa dernière lettre (n°19) aux diagnostics partagés, lettre bientôt en ligne sur son site.

Christiane Bouchart, présidente du Réseau des collectivités territoriales pour une économie solidaire ( RTES)

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